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Nezami
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Le capitaine jeta d’abord à Nedru un regard tendu. Puis, voyant qu’il souhaitait aider, il se radoucit un peu et se laisse aller à quelques explications à voix basse :
- J’avoue, cher monsieur, que la situation n’est pas si simple qu’elle en a l’air. Il pourrait y avoir des mauvaises rencontres à l’horizon. Et puis, pour votre gouverne, lorsqu’un homme d’équipage pète les plombs comme l’a fait le blanc bec, c’est mauvais signe : Nous autres marins sommes superstitieux. Certains pourraient penser à un mauvais sort, d’autres que la situation n’est pas sûre et tenter d’autres bêtises. Mais je veille.
Il avisa alors la jeune épouse de Nedru qui arrivait à pas mesurés :
- Cher commerçant… Ne le prenez pas mal mais j’ai vu que vous tanguiez assez fort sur un navire. Vous et votre estomac. Quant à madame, malgré son pied sûr, j’avoue que sa présence pourrait finir par déconcentrer nos hommes. Votre proposition d’aller en cuisine serait, en temps normal, inconcevable… mais vu l’état de notre Coq et des marins, seul un bon repas détournera leurs pensées. Vendu pour la cuisine. Passez d’abord prendre ce qu’il vous faut à la cambuse mais n’abusez pas. Ce n’est pas la caverne de Mehmet Bibi.
Puis il les oublia, prit sa longue vue et se remit à explorer l’horizon, non sans donner quelques ordres au timonier qui, pour les gens de Terre, était une langue étrangère.
Pendant ce temps, sur le pont central, Nagash avait décidé de se rendre utile auprès de son meilleur ami « Pailletifs ». Il s’était approché du cadavre de Bran avec beaucoup de curiosité, comme s’il voulait voir à l’intérieur de la boite crânienne défoncée. Puis, il avait pris les bras du mort pour aider les deux autres à transporter le cadavre en fond de cale. Les marins n’étaient-il pas « immergés » dès leur décès, plutôt qu’attendre d’être enterrés ? En tout cas, pour l’heure, trois hommes le descendaient à l’étage inférieur.
Enfin, en plein milieu du pont, Si nous étions loin de l’agitation d’un hôpital de campagne, il n’en demeurait pas moins qu’un homme se vidait de son sang. M. Sands avait envoyé un marin chercher des linges pendant qu’il étudiait la plaie. Le coq grognait plutôt qu’il gémissait.
- Put@&% ! Il m’a saigné comme un p’tit goret, le saligaud… Ha.. J’ai rien vu v’nir…
- Chut, intima le Bosco. Tais-toi, tiens-toi tranquille et laisse-nous faire.
Sous la couche de gras pendante, un flot bien rouge s’écoulait sur le côté droit.
- A priori ton foie va bien sinon le sang serait sombre, expliqua-t-il à Cymbeline. Mais de gros vaisseaux sont touchés. Va falloir cautériser. Trouvez-moi une torche sous la dunette avant, allumez-la et chauffez cette lame.
Il lui tendit sa dague, qui pour elle avait plutôt des airs d’épée courte mal dégrossie, et se mit à presser fortement à des points precis du ventre. Cymbeline constata immédiatement que le flot s’écoulait beaucoup moins vite.
- Ah… Et trouvez-nous du Rhum ou du Whisky... Il doit suffire de presser le nain très fort pour en sortir un bon litre !
Edition
20/04/2020
10h13 par
Nezami
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