Fort Ardraco (Scénario d'Ed Greenwood)

Sam s'assit sur le banc à la demande du prêtre afin de continuer cette discussion, non sans déposer son sac à ses pieds. Il semblait que Georges participant lui aussi depuis un moment aux conseils municipaux ne se ferait pas berner longtemps par un quelconque déguisement. Cela confortait le fait que le baron lui même cachait bien quelque chose et pas une quelconque doublure.

"- Je ne fais aucun mystère Elimith, le baron ne peut pas parler pour notre groupe d'un drakéïde... En avez-vous vu un qui nous côtoie ? Non... C'est normal nous l'avons rencontré uniquement dans le fort et il a souhaité voler de ses propres ailes après sa libération. Donc Antoine n'aurait encore moins pu en parler. Toute cette phrase était donc un pur mensonge. Vous conviendrez que tout cela est troublant. Cependant, nous avons appris qu'un magicien marchait avec les brigands et avait la capacité de voir à distance les choses ou les prédire je crois... Il a donc pu prévenir le baron en lui rendant compte. Mais peut importe pour le baron, mes camarades, j'espère, vont pouvoir tirer cela au clair. Pour ma part, j'aurais besoin de votre aide car je ne suis pas compétent pour ceci."

Il sorti d'une poche latérale du sac, un petit tube en os, ainsi que la masse runique depuis un autre afin de les donner au prêtre pour qu'il lui en dise plus sur ce que cela peut faire ou dire. En effet, pour le contenu du tube l'halfelin pensait qu'il y aurait une suite de runes comme sur la masse, ou au pire, peut être un piège lors de son ouverture qu'un homme aussi sage que son interlocuteur démasquerait.

"- Et si par hasard vous en savez plus sur EIRDERRETH cela m’intéresserait car c'est leur tête pensante d'après ce que nous avons compris".

C'est toujours sur le qui-vive que le petit homme se mit à étudier les environs en sortant sa rapière car son interlocuteur allait se concentrer sur autre chose et le moment pouvait être propice. Il descendit du banc et fit mine qu'il avait entendu quelque chose.

Le vieux prêtre réfléchissait aux informations que l'halfelin lui donnait, commentant à mesure.

- Un drakéïde, dis-tu ?
" Oui... Georges m'a parlé de cette histoire avec Yasine qui surveillait Kuldur par magie.

Finalement, Sam sortit de son sac les objets retrouvés sur la prêtresse du culte. Une masse d'arme forgée d'un seul tenant dans un métal sombre, couverte de runes ainsi qu'un long tube en os.

Elimith, prit l'arme et l'examina attentivement. Après quelques secondes, il souffla une prière. Une lumière vive éclaira aussitôt la pièce, chassant les ombres. Les symboles gravés dans le métal scintillaient légèrement, simplifiant leur lecture.

- Du draconique... expliqua-t-il à Sam.

Il prit soin de lire dans sa tête, évitant peut-être de déclencher une magie cachée. Ses mains ridées parcourraient le métal et les gravures, peut-être pour mieux en appréhender les enchantements.

- Je n'ai pas les connaissances des magiciens pour comprendre l'étendu des pouvoirs de cette arme... finit-il par dire.
" Mais je peux au moins te dire qu'un enchantement en améliore les performances au combat.
" De plus, les runes évoquent le temps figé et le froid qui engourdit. Ce n'est peut-être rien, mais je dirais qu'elle doit permettre d'immobiliser les ennemis qu'elle touche.
" Je ne sais pas s'il y a un mot de pouvoir pour l'activer et si son usage est limité...

Reposant l'objet, il prit le tube et l'examina sous différents angles. Rapidement, il empoigna l'un des bouts et le fit tourner Avec un petit bruit, ce qui semblait être un bouchon pivota, se détachant du tube. A l'intérieur, Elimith trouva un parchemin qu'il déroula délicatement.
Une nouvelle prière plus tard, il parcouru les symboles qui le recouvrait. Son visage trahit du dégout et il remit rapidement le parchemin à sa place, avant de refermer le tube.

- De la nécromancie... Ce parchemin permet d'animer les corps sans vie pour en prendre le contrôle... Cette magie est puissante, mais corrompue !

Le prêtre soupira puis reprit la parole.

- L'ancien propriétaire de ces objets devait être puissant... vous avez de la chance d'être encore en vie !
" Je m'en veux de vous avoir envoyé ainsi face à de si grands dangers.
" Merci pour votre aide, vraiment !

Sam évoqua alors le nom qu'il avait entendu au fort... Eirderreth.

- Hum... Oui, ce nom me dit quelque chose... commença Elimith, portant la main à sa barbe et fixant le plafond.
" Une vieille légende des environs. Il s'agit du nom d'un très ancien et très puissant dragon qui aurait vécu dans la forêt d'Ardrco. Mais il est mort depuis bien longtemps, même si j'ai entendu dire que certains auraient vu son fantôme... Rien de récent cependant.

Il prit un instant pour mettre ses pensées en ordre et poursuivit.

- Je n'ai jamais entendu dire qu'un fantôme ai jamais dirigé une secte quelconque...
" Mais avec les puissances draconiques, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre.

Nouvelle pause avant de continuer ses réflexions.

- Et vous pensez que Thierry serait lié à cette secte ?

De son côté, le petit homme n'avait ni entendu, ni vu quoi que ce soit d'inquiétant pour le moment.
Mais avait-il écouté le prêtre ?

Premier de la file patibulaire qui avançait en direction des chambres, Nizam ne put qu'assister impuissant à l'expression d'angoisse de la pauvre femme et au vacarme qui s'ensuivit. Son visage se décomposa sincèrement alors qu'il éloignait ses mains de ses hanches et accourait en direction de la brave tenancière. Il allait s'accroupir pour ramasser le bac, mais se ravisa au dernier moment et posa plutôt délicatement ses mains sur celle de la malheureuse.

- Je suis vraiment confus, ma pauvre amie, s'excusa-t-il d'une voix qui se voulait contrite et rassurante. Je crois que tout ce que nous vivons ces derniers temps a tendance à nous taper sur les nerfs.

C'est alors seulement qu'il se baissa pour ramasser le bac et, d'une voix sourde, comme sur un ton de confidence, il chuchota sans la lâcher des yeux :

- Est-ce que quelque chose vous fait peur, Lucie ?

Il avait veillé à ce que Georges soit encore suffisamment loin et qu'elle ait le temps de répondre sans inquiéter son mari plus que de raison avant qu'il n'arrive à leur niveau.
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HRP : Lance Persuasion sur Lucie (18+7) = 25

Bran avait suivi ses compagnons dans l'auberge et ne s'était guère attardé plus au rez-de-chaussée, il avait bien plus hâte de prendre un bain et du repos que de passer du temps avec leur hôte et ses deux acolytes, ses derniers ne lui inspirait vraiment pas confiance.....
Il suivi donc Nizam dans l'escalier, et même s'il fut surpris de voir ce dernier tirer sa lame aussi soudainement, il ne posa pas de question et en fit tout autant.

Il fut presque autant surpris que la brave lucie quand elle les aperçu et se senti aussitôt extrêmement gêné pour elle, cachant immédiatement son arme dans son dos et tandis que Nizam se précipita vers elle afin de l'aider, il resta en retrait en haut des escaliers inquiet que l'aubergiste ne monte s'enquérir de ce qui se passait.

A l'auberge

Elëwin n'avait quand à lui pas porté la main sur ses armes, mais il éprouva néanmoins une certaine honte d'avoir ainsi effrayé la pauvre femme. L'aubergiste ne leur avait-il pas dit qu'elle était là haut pour leur préparer les chambres ?
Avant qu'il réagisse, le barde s'était porté au secours de la logeuse, ce qui laisserait au prêtre le loisir d'expliquer à son mari les circonstances du drame...

Il n'en eu pourtant pas l'occasion.

- Tout va bien chéri ! S'exclama Lucie à l'intention de Georges, avant que l'intéressé ai rejoint les marches.
" Je me suis faite peur toute seule... Ajouta-elle pour s'expliquer.

Puis plus bas, regardant le jeune homme à ses pieds.

- Toutes ces histoires d'enlèvements, ça vous retourne la tête... Vous voyez des kidnappeurs partout à force... Lui répondit-elle.

Après un soupir léger, elle récupéra son bac et désigna la chambre derrière elle.

- Le bain est prêt... Je vous ai mis du savon et des serviettes...
" Reposez-vous bien, vous l'avez bien mérité d'après ce que m'ont raconté la dame et le fils de dragon.

Elle désigna la porte d'en face d'un signe de tête avant de s'expliquer.

- Nora et Tilouka, si ma mémoire est bonne... Ils se sont écoulés de fatigue !

Après cette dernière tirade, elle s'apprêta à les laisser profiter d'un repos bien mérité, mais laissa un moment de flottement, au cas où ils avaient besoin de quelque chose ou d'autres questions à lui poser.

Nizam sourit de son air le plus engageant, et s étirant d'un air las :

- oh, oui ! Ce bain me fera le plus grand bien. Vous êtes un vrai ange.

Puis avant de pousser la porte :

- Dites-moi, Lucie, nous avons croisé le seigneur de votre baronnie chez l abbé. Il doit nous rejoindre à l auberge. Il était accompagné d un grand Drakéide, un homme de la même espèce que notre camarade Tylooka, et d un elfe sinistre. Les avez-vous déjà vus auprès de votre Baron ? Vous pourriez m en dire un peu plus sur eux ?

Apres la réponse de la tenancière, il pénétrerait dans la chambre et y attendrait ses amis pour discuter a voix basse de toute cette histoire.

A l'auberge

Lucie s'apprêtait à rejoindre Gorges, certainement mort d'inquiétude, quand le barde lui posa une dernière question.

Elle se retourna pour lui répondre, du tac-o-tac.

- Oh, vous avez fait la connaissance de Gabin et Thommy... Oui, ce gros nounours se donne des airs de brute, mais il est doux comme un agneau... Tant que vous n'approchez pas le baron. Il est très protecteur. Je dirais même qu'il est particulièrement proche de lui, si vous voulez mon avis...

Elle rougit à ces derniers mots, puis ajouta un peu plus bas.

- L'elfe, c'est une énigme... Un vrai gardien de prison... Mais en vérité, il commande aux hommes du baron. C'est tout ce qu'on sait de lui.

Et sur un sourire, la tête à moitié tournée vers les escaliers, elle attendit qu'on lui donne congé, certainement pressée de rassurer son mari.

Le prêtre avait été une mine d'or de renseignements pour Sam. Il en savait plus sur les objets de ce culte et aussi sur les motivations que pouvaient avoir ces brigands. Le seul hic était maintenant de pouvoir transmettre ces informations à ses camarades sans encombre. Le petit homme n'avait aucune idée de comment faire mais cela pouvait être relégué au second plan car la priorité était de protéger Elimith.

"- Croyez-vous que leur plan serait de faire revivre le dragon Eirderreth grâce à ce sort et d'en prendre le contrôle ? Et savez-vous où je pourrais me renseigner sur cette légende de manière plus précise ?"

Pendant que le sage allait lui répondre, l'halfelin rangeait l'arme dans son sac et le tube d'os dans une de ses poches de veste. Il le voulait auprès de lui car il se pourrait que ce petit objet ait plus d'importance que ce qu'il pouvait penser. Une fois terminé et écouté l'homme saint il allait continuer ses questions.

"- Comment procédons nous pour ce soir ? Je suis sur que vôtre vie est en danger et qu'il va y avoir une tentative malsaine contre vous. Je suis là pour vous protéger au mieux donc en discuter me parait opportun".

Sam restait sur ses gardes.

Monastère d'Aster, couloir principal.

Elimith sourit, apparemment amusé par l'idée du petit homme.

- Le faire revivre ? Avec ce parchemin vous voulez dire ?

Son sourire s'accentua encore, forçant les rides de sa peau parcheminée.

- Cette magie est puissante, mais pas autant... Vous pourriez animer les os ou le cadavre de quelques morts, mais rien de plus grand qu'un humain et pas plus de quatre à la fois.
" D'ailleurs vous ne pourriez pas faire revenir l'âme d'un défunt de cette manière... Alors ramener à la vie un dragon ! Seul un rituel mené par les plus hauts patriarches de leur ordre pourrait y parvenir, rassurez-vous.

Le paternalisme du vieux prêtre se fit sentir plus encore alors qu'il reprenait.

- Ne vous inquiétez pas autant pour moi. Je suis vieux, mais je sais encore me défendre, Aster m'en est témoin.
" Et je ne suis pas seul, contrairement aux apparences. Mes frères et moi veillons sur ce monastère aussi sûrement que le ferait un bataillon de paladins.

Se relevant, il l'invita à marcher avec lui. Ils suivaient un long couloir occupé par plusieurs portes massives, bardées de fer.

- Je vais vous amener à notre bibliothèque, vous pourrez y trouver quelques ouvrages sur le sujet.

Sur le chemin, Sam entendit des paroles chuchotées derrière les portes. Les occupants du monastères étaient là, prêts à intervenir pour aider Elimith au moindre signe inquiétant.

Sam ne savait que trop penser sur ce parchemin, même s'il était moins fort que ce qu'il pensait, il pouvait ne pas être indolore s'il était utilisé contre eux. Fallait-il le détruire ? De plus l'halfelin était rassuré que ce lieu était sûr mais n'allait pas se débiner pour autant. Pendant le trajet jusqu'à la bibliothèque, il chercha à concrétiser sa mission.

"- Ce que je peux proposer c'est de dormir ici ce soir afin de participer à cette défense active. Cela me rassurerait grandement. Croyez-vous que cela est possible ? De surcroit pensez-vous qu'il faille détruire ce parchemin contre-nature ? Et enfin je vous remercie beaucoup de me permettre de me documenter dans votre antre car je suis sûr que ces informations seront critiques pour la suite des évènements."

Le semi-homme était sur ses gardes, sa main sur le pommeau de sa rapière qui pendait à sa ceinture. Une fois arrivé à sa destination, il fera une lecture intensive de tous les livres sur le sujet, en espérant les trouver...

Elimith ouvrit la dernière porte au fond du couloir, révélant un jardin carré autour duquel les toits des bâtiments formaient une galerie. Plusieurs moines, les mains dans la terre, s'occupaient d'arracher les mauvaises herbes ou de ramasser les légumes pour la soupe du soir.

Ils longèrent le jardin, le vieux prêtre saluant ses pairs d'un geste de la tête. Arrivés à l'angle suivant, une nouvelle porte fut ouverte, donnant sur la fameuse bibliothèque.
Il n'y avait là qu'une demi douzaine d'étagère où quelques dizaines de manuscrits reposaient.

- Bien sûr, nous pouvons vous trouver une cellule de libre pour vous accueillir si c'est ce que vous souhaitez, avait répondu Élimith à la première question.
" Pour ce qui est de détruire ce parchemin, je vous laisse en décider... Vous pourriez trouver acquéreur à la Cité Franche et utiliser les bénéfices pour une noble cause... Ou vous pouvez brûler ce parchemin dès à présent.

Il illustra ses derniers propos en désignant l'un des chandeliers où des dizaines de bougies éclairaient la pièce.

- Je vous laisse à vos lectures mon cher Sam.
" Puisse Aster vous guider dans vos recherches.

[Sagesse - Perception : 16]
[Soin niveau 1 : 11 PV]

Alors qu'il allait quitter la pièce, Élimith paru troublé, le regard s'attardant sur l'halfelin.

- Mais dites-moi... Aster me pardonne, je n'avais pas fait attention ! Vous êtes blessé...

Ignorant les éventuelles récriminations, le prêtre fit une prière et posa sa main sur l'épaule de Sam. Une vague d'énergie bleutée se répandit, ce qui soulagea aussitôt le blessé.

- Cette fois, je vous laisse pour de bon... Et plus de cachotteries de ce genre ! Ce n'est pas comme ça que vous auriez pu me protéger jeune halfelin...

Le barde remercia Lucie d'un signe de tête et d'un sourire rassurant. Il attendit qu'elle s’éloignât puis pénétra dans la chambre où l'attendait le bac chaud et prometteur. Mais au lieu de se dévêtir pour plonger dans le bain, il alla se caler dans un coin de la chambre, un oeil à travers la fenêtre, l'autre sur la porte, et attendait que ses compagnons l'aient rejoint.

- Je ne suis pas particulièrement pudique, fit-il avec un petit sourire ironique, et l'aventure... c'est l'aventure ! Toutefois je peux attendre pour prendre mon bain. Je me suis assoupi en route et vous êtes peut-être plus las que je ne le suis.

Il avait lancé ces propos pour briser la glace plus qu'autre chose, car c'est la suite qui l'intéressait. Aussi baissa-t-il d'un ton, certain que tous avaient son attention.

- Elewin, je vous laisse vous assurer que personne ne nous écoute.

Puis après un silence :

- Bon cette affaire est très inquiétante. L'équipement de nos trois nouveaux amis débordent d'allusion aux dragons... Et la mauvaise volonté du baron ne peut que confirmer qu'il veut nous éloigner des ruines. Pire, je pense qu'il souhaite nous tendre un piège et nous liquider avec son elfe sinistre. Mais j'ai un plan.

Il prit une nouvelle pause pour garder un certain suspense, regarda ses camarades pour juger de leur réaction, et termina enfin :

- Je serais d'avis de jouer les idiots et de marcher dans le plan du baron. Nous partons demain avec l'elfe. Mais nous demandons un dernier service à Nora et au drakéide : Ils nous précèdent sur la route pour vérifier que de la compagnie ne nous attend pas, se mettent en embuscade juste avant la première intersection... et lorsque nous y arrivons, nous tombons tous sur l'elfe, on le fait prisonnier et on le fait parler. Qu'en dites-vous ?

Bran, qui s'était adossé contre l'un des mur du couloir, les bras croisés et une expression mêlant amusement et réflexion, finit par rompre le silence.

— Votre plan se tient, déclara-t-il d'une voix posée. Jouer les imbéciles pour piéger l'elfe, c'est audacieux, mais ça pourrait marcher. Après tout, s'il croit avoir un coup d'avance sur nous, il sera moins prudent.

Il se redressa, décroisant les bras, et fit quelques pas à travers le couloir, comme pour chasser la tension qui pesait sur leurs épaules.

— Nora et le drakéide paraissent fiables. Si on leur explique clairement ce qu'on attend d'eux, ils sauront nous couvrir. Je doute qu'ils soient ravis de rester à l'écart, mais avec la menace d'une embuscade, ils comprendront l'importance de leur rôle.

Bran marqua une pause et haussa légèrement les épaules, un sourire en coin apparaissant.

— Quant à moi, si vous n'avez pas d'autres conspirations à échafauder pour l'instant, je vais aller prendre ce bain chaud qu'on nous a promis. L'eau claire et un peu de savon, c'est exactement ce qu'il me faut pour détendre mes muscles fatigués et me préparer au dîner... ou à ce qui nous attend après.

Il se dirigea vers la porte, une main posée sur la poignée, mais s'arrêta pour ajouter avec une légèreté teintée de sérieux :

— Ne restez pas trop sur vos gardes. Un bon plan a besoin d'esprits reposés et de réflexes affûtés. On aura tout le loisir de cogiter sur la suite pendant le dîner.

Sur ces mots, il leur adressa un dernier signe de tête avant de s'engagr dans sa chambre avec une certaine nonchalance. Malgré son ton détendu, chacun pouvait sentir que Bran restait parfaitement conscient du danger qui les entourait, et qu'il serait prêt à intervenir si la situation l'exigeait.

Un rictus amusé se forma sur le bord des lèvres du demi-elfe en voyant le rôdeur partir vers "sa" chambre... et donc finir par revenir vers la chambre commune où l'attendait le bain... le bain commun. Afin de ne pas le gêner, Nizam se concentra pour neutraliser son sourire et tourna la tête pour lui laisser un semblant d'intimité.

Il ne s'intéressa alors plus à lui, en apparence, et fafouilla dans son sac pour en tirer son instrument. Il laisse quelques arpèges courir le long des cordes sous le pas de ses doigt. La mélopée était douce, délicate, lente, rassurante. Elle visait à réchauffer tout autant que les vapeurs agréables qui s'échappaient du tonneau.

Au bout de quelque temps, son accent vibra dans sa langue maternelle. Des mots s'échappaient de sa bouche, comme murmurés. Ses compagnons ne comprenaient pas ses paroles, mais en ressentaient le sens profond et ils se sentaient réconfortés, apaisés. Leurs muscles se délassaient un peu, comme leur tension nerveuse.

Nizam enchaîna plusieurs mélopées sur le même mode, prenant son temps, se détendant lui-même en oubliant les ennuis, le fort Ardraco, le baron... Il laissa Elewin prendre son bain et se plongea dans l'eau en dernier. Malgré l'eau tiédie, il en profitant comme d'une bénédiction.

Enfin, il se prépara comme on se prépare à sortir au théâtre. Il retrouva ses beaux vêtements soigneusement gardés par Georges et les enfila avec plaisir. Au vu des couleurs, de l'exubérance des formes et des motifs, ils attirerait tellement l’œil ce soir qu'il fournirait presque une couverture à ses compagnons.

Le ventre du barde gargouillait. Il était temps d'aller manger !
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HRP : Lance "chant réparateur" - 1d6+3 = 6 récupération de PV pour tous les occupants de la pièce.

Après ce petit moment de bien être, les aventuriers durent se confronter à la réalité... Ils étaient attendus !
Mais après tout, n'étaient-ils pas affamés ? Peut-être pourraient-ils mêler l'utile à l'agréable. C'est donc Elëwin, Bran et Nizam qui descendirent dans la salle, reposés, mais l'esprit préoccupé... Et Sam ? Où était-il ? Lorsqu'ils rejoignaient l'auberge, il avait précisé qu'il allait voir Elimith, mais depuis plus de deux heures maintenant, ils n'avaient aucune nouvelle de lui ! Devaient-ils s'inquiéter ?

Cette question devrait attendre, car le sieur d'Estinbuk, le drakéïde et l'elfe étaient toujours là, occupés à manger le repas certainement préparé par Georges.
Le baron reposa son verre de vin, qu'il sirotait distraitement et se retourna vers les nouveaux venus.

- Aaahhh ! Les voilà ! s'exclama-t-il, enthousiaste.

Il désigna les plats encore à moitié pleins au centre de la table.

- Vous nous excuserez, nous avons commencé à manger...
" Georges nous a préparé un excellent repas, comme à son habitude !
" Venez, venez ! les invita-t-il en montrant les places libres à leur table.

La table ronde était équipée de sept chaises, les deux du côté du comptoir étaient occupées par le baron et l'armoire à glace. Enfin, la plus proche d'eux accueillait le mystérieux capitaine de la garde. Il restait donc deux places à sa gauche et à sa droite. Ce dernier se retourna vers eux à son tour et leur sourit... Ce simple fait, glaça le sang des compagnons, bien décidés à le torturer plus tard !

Un chapon juteux trônait au milieu de la table, entouré d'une farandole de patates cuites dans la cendre. Plusieurs tranches d'un pain avaient été coupées dans une large panière d'osier.

Focalisés sur la table, ils furent surpris par l'intervention de Georges, derrière son comptoir.

- Qu'est-ce que je vous sert à boire ?

Ainsi donc, Nizam descendit les marches en tête et passa la porte comme pour emplir tout l'espace de la salle commune. Tout, dans sa démarche, le mouvement de ses mains, son port de tête, annonçait un carnavalesque personnage qui se veut sûr de lui et de son talent.

Il avait ajouté quelques rubans à son justaucorps, ciré ses bottes, passé du Khôl autour de ses yeux. Bref, tout ce qu'il fallait pour avoir une petite touche de ridicule, mais sans pousser l'exagération, ce qui entretenait une part de sérieux et de crédible dans ce personnage.

- Veuillez nous excuser, Messire. Après ces péripéties, nous avions bien besoin d'un peu de confort et d'hygiène. Vous savez ce que c'est. Nous pouvons vivre comme des brutes le temps de l'action, mais le retour à la société nous ramène aussi les bouffées agréables des mondanités.

Il s'installa à table et déposa son instrument, à côté de lui, comme pour expliquer qu'il n'était pas encore temps, mais que l'heure viendrait de s'en servir.

Alors que Georges les interrogeait sur la boisson, il demanda la même chose que le baron et se servit généreusement en chapon.

- Hé bien, quelles heures délirantes ! finit-il par lâcher alors qu'il finissait une bouchée juteuse et aromatique de la volaille pour laquelle il avait félicité le cuisinier. Je crois, baron, que vous n'avez pas très bien saisi ce qui se passe dans les ruines de ce fort. Nous avons croisé beaucoup de monde, pour une citadelle abandonnée. Des gens fort étranges qui en voulaient à notre peau. Mais heureusement, nous savons nous défendre.

Et après une petite pausse...

- Ils portaient d'étranges tatouages, comme des écailles de dragon. Avez-vous déjà vu ça sur vos autres bandits que vous voulez nous envoyer chasser ?

il lança au baron et à son grand garde du corps un regard interrogateur, un peu candide. Comme s'il s'attendait à ce que ses interlocuteurs lui donnent des réponses à cette question qui, vraisemblablement, n'en avait pas.

- Ah, et il y a eu cette prêtresse aussi ! Coriace. Il me semble, Elewin, qu'elle vous avait bien ankylosée avec sa masse, non ? Mais bon, elle a fini par rendre gorge elle aussi. Elle n'était pas belle à voir, à la fin... Vous voyez, ce n'est pas une mince affaire. Quand je vous dis qu'il faudrait y regarder de plus près.

Pour mettre un terme à son verbiage, il se resservit en viande et sourit aimablement au baron. Il ne faisait aucun mouvement pour tenter de discerner des réactions des deux autres tristes sires. Il comptait pour cela sur ses compagnons. Il ne s'intéressait qu'au nobliau, comme tout courtisan cherchant à se faire bien voir et gagner des faveurs.

Bran descendit les marches à la suite de Nizam, l'air un peu sceptique quand à l'allure de ce dernier, mais tout de même curieux de la scène qui se déroulait devant lui. Contrairement au barde, il n'avait pas pris le temps d'améliorer son apparence ou de jouer sur une quelconque mise en scène. Ses vêtements restaient pratiques et modestes, porteurs des traces de leurs récentes aventures, bien qu'il ait fait un effort pour se nettoyer rapidement avant de descendre. Après tout, en dehors de ces vêtements, il ne possèdait qu'une robe de scène qui avait encore plus souffert de ses récentes péripéties.

Tandis que Nizam entrait dans la salle avec son panache habituel, Bran ne put s'empêcher d'ecarquiller de grands yeux tout en masquant un sourire. Ce genre d'entrée théâtrale lui était familière, mais elle le déconcerta d'autant plus qu'il ne s'y attendait pas. Il hésita un instant à intervenir pour tempérer les ardeurs de son compagnon, mais l'idée s'évapora aussi vite qu'elle lui était venue. Après tout, ce genre de comportement, aussi exubérant soit-il, pouvait avoir son utilité, surtout face à des interlocuteurs aussi ambigus.

Bran se contenta quand à lui de saluer d'un simple signe de tête avant de se diriger vers la table.
Sans un mot, il prit place à côté de l'elfe qui accompagnait le baron, observant d'un œil amusé la manière dont Nizam se plongeait dans le repas tout en débitant son flot de paroles. Il se contenta de hocher la tête lorsque Georges leur demanda ce qu'ils voulaient boire, choisissant simplement "la même chose que tout le monde".

Au fur et à mesure que le barde exposait les événements récents, Bran jetais quelques regards en coin aux autres convives, cherchant à capter leurs réactions, croisant brièvement le regard de ses camarades pour s'assurer qu'ils étaient sur la même longueur d'onde.

Quand Nizam évoqua la prêtresse et les tatouages en forme d'écailles de dragon, Bran sentit un léger frisson lui parcourir l'échine. Lui aussi avait trouvé ces détails troublants, mais il préférait laisser Nizam jouer son rôle pour l'instant. En silence, il s'installa un peu plus confortablement sur sa chaise et porta une bouchée de pain à sa bouche, écoutant attentivement les réponses que le baron ou ses acolytes pourraient offrir.

Il ne pouvait s'empêcher d'apprécier la manière dont le barde manipulait la conversation, même si cela le mettait parfois mal à l'aise. Pour l'instant, Bran choisit d'observer et d'attendre, prêt à intervenir si les choses prenaient une tournure inattendue.

Elëwin fermait la marche. Sur les quatre places qui leur avaient été préparées, il n'en restait finalement plus qu'une, l'instrument du barde occupant celle de gauche. Faisant la grimace, il alla s'installer à côté de l'armoire à glace couverte d'écailles qui servait de garde du corps au baron. Son armure en plaques ajustées avait été peinte en noire, pour mieux s'accorder au cuir de sa peau, lui donnant un air sinistre.

L'elfe fit contre mauvaise fortune bon coeur, profitant du repas avec un appétit non feint. Nizam ajoutait l'animation à ce festin, s'occupant de relater leurs aventures.
Il n'avait rien à rajouter, se contentant d'acquiescer à la question du conteur. L'air de rien, il observait le trio pour essayer de déceler une quelconque duplicité. Contrairement aux autres, il n'était pas convaincu de ce fait aussi son avis n'était pas à charge dans cette affaire.

Nullement impressionné par l'organisation de la table, peut-être étudiée pour les perturber, ou pour être plus conviviale, les trois aventuriers s'installèrent.
Le conteur prit aussitôt l'initiative des conversations, décrivant leur expédition dans les ruines du fort Ardraco. Son auditoire était attentif à ses révélations, buvant ses paroles. Il avait certainement l'intention de forcer le baron à découvrir son jeu et ainsi répartis, ses compagnons n'eurent pas à se trahir pour surveiller les réactions de l'elfe et du drakéïde.

Plusieurs informations importantes avaient été données, comme cette histoire de tatouages et la présence d'une prêtresse dangereuse... A chaque fois, le noble réagit naturellement, y allant de son commentaire.

- Oui, oui, Tommy m'a dit pour les tatouages. Il a étudié les bandits que vous avez tué dans le village tantôt. C'est un indice de taille, car mes hommes aussi ont vu ce signe sur les assaillants de la mine... réagit-il dès que le barde lui en laissa l'occasion.

Il avait regardé l'elfe quand il avait dit cela et celui-ci avait hoché la tête pour confirmer.
Puis peu après :

- Une prêtresse dites-vous ?
" Avait-elle un symbole qui identifie sa divinité ? Cela pourrait nous aider... Toute cette histoire est bien étrange !
" Tu vas avoir fort à faire Tommy... Mais j'ai confiance, tu en as vu d'autres ! s'exclama le baron.

Silencieux et inexpressif, le garde du corps se contentait de manger son repas. Son apparente tranquillité ne trompait personne cependant et il veillait sur le sieur d'Estinbuk.

Seul Elëwin décela dans ce jeu, quelque chose d'imperceptible entre ces trois là. Leur connivence et leur maitrise comportementale était telle qu'il s'estimait chanceux d'avoir pu repérer ces incohérences. D'après son analyse, ils étaient au courant pour la prêtresse... Mais qu'est-ce que cela signifiait ? Et comment prévenir ses camarades ?

Le barde écouta les uns et les autres en se donnant un air débonnaire, intéressé et patient. Lorsque le baron parla à son elfe de compagnie, il le dévisagea comme un homme de son espèce (tout au moins à moitié) dévisage son semblable, cherchant dans son regard leurs racines et leur histoire communes.

- Tommy ? fit-il finalement. C'est un nom bien étrange pour des gens comme nous. Je gage que c'est un nom dont on vous a désigné lors de vos péripéties. Je serais ravi de connaître l'histoire lumineuse qui se tapit sous vos airs sombres, l'ami !

Il lui lança un sourire engageant, pour l'inciter à parler, puis agrippa délicatement son instrument pour le caler sur ses genoux. Ses doigts glissèrent, dansèrent le long des cordes pour laisser échapper une délicate mélodie, d'abord mélancolique, puis plus dynamique et battante alors qu'il basculait sur un mode majeur.

Poursuivant leur course sur le Oud, les doigts se firent accompagnement de la voix franche mais harmonieuse du barde. Il parla dans la langue des gens d'ici, plutôt que dans celle de son peuple, afin que tous l'entendent. Il ne souhaitait pas seulement qu'ils déduisent ses propos, mais qu'ils s'insinuent ouvertement en eux. Ils raconta les bois et l'étrangeté des bruits, des bêtes, des pièges. Il raconta les rencontres. Il raconta les mauvaises surprises. Son timbre laissait comprendre la douleur de ses compagnons blessés et la tristesse que produit la mort, même de ceux qui vous veulent la mort. Ses disruptions contaient la magie, la foudre et l'effroi. Ses débordements beuglant laissaient l'absurdité des vaches s'inviter dans la salle. Ses notes bleues et ses septièmes racontaient la tension avant l'assaut, la peur, puis la violence. il chantait l'insaisissable de cette femme, belle, tellement belle par sa ténacité et sa capacité à leur résister. Puis la vanité de cette résistance et la mort. Il glissa incidemment qu'il n'avait pas saisi quel était le symbole mystique qui leur sautait pourtant aux yeux, comme pour induire qu'il savait, mais qu'il ne dirait rien sur ça.

Il ne dit rien non plus de ce qu'ils avaient vu au fond du trou mais il inventa d'autres choses qu'ils auraient pu voir. Il rêva d'yeux de braise et de souffle ardent et son rêve devint brumes presque réelles.

Il chanta en regardant ses amis et ses "nouveaux amis". Il ne jouait même plus un rôle de charme. Il était simplement tout à ce qu'il faisait. A son ouvrage et son véritable métier. Celui de conter des histoires, qu'elles soient vraies ou non.